Lorsque un membre du Grand Conseil valaisan a le privilège et l'honneur d'être nommé Président et de siéger ainsi au perchoir du Parlement, le titre de Grand Baillif lui est attribué. Voyons ce que signifie cette prestigieuse dénomination dont les origines remontent au XII ème siècle.
Tout d'abord, selon le Grand Robert de la langue française, le terme de bailli [baji] ou baillif vient du XIIème siècle , de l'ancien français baillir « administrer », de bail « gouverneur » et du latin bajulus « porteur ». Il désignait le fonctionnaire royal d'abord chargé d'inspecter les prévôts, puis de représenter le roi dans une circonscription, un baillage. Il désignait également l'Officier d'épée ou de robe qui rendait la justice au nom du roi ou d'un seigneur. De plus, ce terme a été utilisé pour désigner les magistrats, notamment sous l'Empire germanique.
Selon le dictionnaire historique de la Suisse, le bailli (en allemand Vogt, Landvogt, Obervogt, ou Landeshauptmann, Hoptman, au Tessin balivo, landfogto, et en latin ballivus, advocatus) est un représentant de l'autorité souveraine sur un territoire déterminé, un baillage.
Dès le XIIIème siècle, les Habsbourg et la maison de Savoie ont créé des bailliages. Dans leurs Seigneuries territoriales édifiées entre le XIVème et le XVIème siècle, en Suisse, les cantons et leurs alliés reprirent cette organisation. Selon les régions, le représentant de l'autorité porte différents titres. Comme l'explique Hans Anton Von Roten dans son ouvrage intitulé « Les Grands Baillis du Valais 1388-1798 », le Grand Bailli a vu petit à petit ses pouvoirs s'élargir et possédait au final de larges compétences en matières judiciaire, administrative, financière, fiscale et militaire. En effet, dès le XIVe siècle, « la charge de grand bailli (en allemand Landeshauptmann, ce qui signifie littéralement « capitaine du pays ») avait à l'origine un caractère militaire. [...] Au gré des circonstances, un capitaine élu avait aussi une grande influence dans les affaires civiles. Au caractère militaire de la charge vient s'ajouter un autre élément. Depuis le XIIIe siècle, les évêques de Sion, alors seigneurs du pays, avaient un lieutenant laïc, le ballivus. La particularité de la charge de grand bailli du Valais est de cumuler deux fonctions, apparemment incompatibles, celle de capitaneus des dizains et celle de ballivus de l'évêque. »
Le Grand Baillif possède ainsi plusieurs fonctions et ce cumul est « en lui-même un signe de victoire des dizains sur le pouvoir épiscopal. [...] Cette heureuse combinaison accrut la puissance et le prestige du grand bailli. ».
Avec l'instauration de la République helvétique en 1798, les bailliages disparaissent. Cependant, les titres de Baillif et Grand Baillif persistent. La Constitution de la République et Canton du Valais de 1815 définit clairement le rôle du Grand Baillif, qui occupe simultanément une position exécutive et législative. L'article 29 stipule que le Grand Baillif préside la Diète (qui deviendra le Grand Conseil en 1839) et le Conseil d'Etat. Il signe et scelle les lois et tous les autres actes des autorités supérieures. Son suffrage décide en cas d'égalité des voix ; il reçoit les pétitions et dépêches adressées au gouvernement, propose les objets que le Conseil d'Etat soumet aux délibérations de la Diète, et donne à la Diète communication de la correspondance avec les autres Etats de la Suisse et avec l'étranger. L'article 32 explique que le Conseil d'Etat est composé du Grand-baillif, du vice-baillif, du trésorier et de deux conseillers d'Etat. Avec la Constitutiton de 1839, les anciens titres des trois premiers membres de l'exécutif : bailli, vice-bailli et trésorier du pays ont été remplacés par le terme uniforme de « Conseiller d'Etat ».
Depuis les années 1950, le terme de Grand Baillif est régulièrement utilisé pour désigner le Président du Grand Conseil. Cette appellation quelque peu emphatique rappelle le rôle éminent de l’élu au perchoir du Parlement valaisan, tant sur le plan symbolique que politique. La « Noble Confrérie des anciens Grands Baillifs » se veut ainsi la gardienne d’une tradition.

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