vendredi 22 mars 2013
LES TESSINOIS EN ROUTE VERS LA CALIFORNIE
L’émigration Tessinoise vers la Californie durant le xixe siècle a débuté lors de la découverte de l’or. Les deux premiers émigrés furent des habitants de la Leventine qui arrivèrent à San Francisco en 1849. Les années suivantes le nombre d’émigrés augmente et varie entre moins de cent et plusieurs centaines. La majorité provient des vallées supérieures du Tessin, surtout du val Maggia et de la Leventine. Il arrivait que la Commune ou la Commune bourgeoise prêtait l’argent pour le voyage4. Il fallait souvent hypothéquer les biens immobiliers ou faire un emprunt privé. L’émigrant s’adressait à une agence d’émigration5 et signait un contrat qui précisait le parcours et les menus des repas. Il fallait prendre la diligence et souvent passer à pieds le col du Saint-Gothard. À Lucerne on pouvait prendre le chemin de fer.
Le Havre, Hambourg et Anvers étaient les principaux ports d’embarquement des passagers vers les pays d’outre-mer. Parfois les émigrants devaient s’arrêter un certain temps à Londres pour pouvoir payer le voyage vers l’Amérique.
Le voyage durait plusieurs mois car il fallait contourner l’Amérique du Sud ou débarquer à Colón et traverser l’isthme de Panamá6. La construction du premier chemin de fer transcontinental reliant New York à San Francisco réduisit fortement la durée du voyage.
La conjoncture économique et les événements politiques et climatiques influencent le nombre d’émigrés. Dans le cas du Tessin, l’expulsion des Tessinois du Royaume lombard-vénitien conduisit à une forte hausse de l’émigration vers la Californie. Les vicissitudes politiques cantonales7, les inondations qui détruisent les récoltes et les champs augmentent les candidats à l’émigration. D’autre part, aux États-Unis la guerre de sécession et les crises économiques sont des freins à l’émigration<Il s’agit des facteurs push et pull des migrations</ref>.
En analysant les feuilles du recensement californien de 1870, Perret8 trouve 882 Tessinois mais il précise que le nombre véritable était peut-être le double9. Selon le recensement de 1930 la population des colonies tessinoises en Californie était d’environ 20 000 sur un total de 5 677 251 habitants. Le nombre total des Tessinois qui se sont rendus en Californie pendant le xixe siècle est beaucoup plus grand car de nombreuses personnes sont rentrées au Tessin après quelques années passées aux États-Unis.
En Californie, la grande majorité des Tessinois s’occupe de l’élevage du bétail et de la commercialisation du lait. Dans les récits des émigrants10 on parle souvent du travail pénible des trayeurs qui devaient s’occuper d’un grand nombre de vaches11. Les ranch étaient beaucoup plus grands que les petites exploitations agricoles dans les Alpes. Par ailleurs en hiver il fallait chercher une autre occupation dans les scieries ou les industries.
Très souvent l’émigré commençait comme vacher mais avec ses épargnes et un crédit bancaire il pouvait acquérir un petit ranch. En 1896 fut fondé à Locarno la Banca Svizzera Americana, avec des succursales à San Francisco et San Luis Obispo, pour récolter l’épargne des émigrés.
Les mineurs étaient peu nombreux, surtout après l’épuisement des filons aurifères. Il arrivait qu’au début l’émigré commence à travailler dans une mine mais c’est dans l’élevage du bétail qu’il avait l’habitude de travailler au Tessin.
L’émigration tessinoise a complètement cessé après la deuxième guerre mondiale. La deuxième et surtout la troisième génération s’est assimilée dans la population locale selon le phénomène du melting pot. Le patois tessinois et la langue italienne sont abandonnés. Les agriculteurs sont devenus une minorité mais possèdent des ranches plus grands. Les descendants des émigrés exercent tous les métiers et se sont dispersés dans tous les États. Les noms de famille, les noms des routes et les pierres tombales sont les principales traces actuelles de l’émigration tessinoise.
L’émigration a conduit à un déséquilibre démographique dans les petits villages de montagne et à l’abandon des pâturages les plus difficiles. Mais d’autre part, les investissements et les dons des émigrés ont contribué à la rénovation des maisons et des bâtiments religieux. La figure du riche oncle d’Amérique est souvent présente dans les récits populaires.
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